II est évident que la représentation de la femme comme plante est bien ancrée dans de nombreuses traditions. Son assimilation à la terre en attente des semailles est également une image évoquée par les auteurs latins comme dans les textes védiques. À la différence du jardin, le champ n’est pas de la compétence de la jeune fille. Son labeur incombe à l’homme, le rôle de la femme semble secondaire et passif.
En Pôlesie, le champ est mentionné dans les textes nuptiaux, ou encore à travers les bouquets d’épis qui servent de décor au korovaj ; ailleurs en Biélorussie, à la même occasion on confectionne la « herse », pâtisserie qui fait allusion aux semailles désirées. La spécificité de l’aire culturelle en question consiste en ce que cette vision archaïque des choses reste toujours actuelle.
Par exemple : I. Runz, « Des femmes plantes et des enfants fruits : les fruits et les arbres fruitiers dans les représentations populaires de la conception », Civilisations, 1987
Par ailleurs, dans l’imaginaire des Slaves le glissement de sens femme-terre labourée (femme-arbre) > famille, lignage se produit constamment.
Voikov : « Et vous, boïares, allez dans les buissons d’osier, et abattez des jeunes tiges pour un joug, nous irons défricher le sol et labourer la terre vierge… Celui qui l’aura cultivée en deviendra le propriétaire » et d’autres.
Par ailleurs, l’imagination métaphorique travaille dans les deux sens : si les termes puisés dans le monde végétal servent à définir les relations de parenté, le vocabulaire de parenté à son tour s’applique à la description d’une plante, par exemple, les noms de rameau ou rejeton dans les parlers du Pôlesie : pasinok (beau-fils), dytjatko (bébé), bajstruk (bâtard)
« Les semailles et la moisson » © G. Kabakova / CNRS
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