France-Bélarus

Découverte du Bélarus (anciennement Biélorussie)

Le film russe ‘Koktebel’ avec Igor CHERNEVICH, célèbre acteur biélorusse

26/10/2005

Après la mort de sa femme, un ingénieur au chômage et sans le sou part à pied de Moscou avec son fils de 11 ans pour se rendre à Koktebel, un petit village de la presqu’île de Crimée sur la Mer Noire, où vit la s?ur de cet homme.

KOKTEBEL:

– FESTIVAL DE KARLOVY VARY : Prix Philip-Morris
– FESTIVAL DE CANNES : Prix de la critique internationale
– FESTIVAL DE MOSCOU : Prix spécial du jury
– FESTIVAL DE BRUXELLES : Prix spécial
– FESTIVAL D’AUBERVILLIERS : Grand prix

Réalisé par Boris Khlebnikov, Alexei Popogrebsky

Avec Igor Tchernevitch, Gleb Puskepalis, Evgenii Sytyi
Durée : 1h 45min.
Celluloid Dreams Distribution

Année de production : 2003

Un père et son fils traversent l’immensité des paysages russes. Tournant le dos à Moscou et au passé, ils se rendent chez une cousine qui habite à Koktebel, sur la Mer Noire. Sans un copeck en poche, leur voyage s’invente librement au fil des rencontres et de leur débrouillardise.

Le père, ingénieur, raconte à son fils le secret des choses. Surtout, ses récits sur le vol des albatros captive le garçon qui imagine le monde vu d’en haut.
Mais le voyage s’arrête avant terme lorsque le père tombe amoureux.

Le fils, déçu, qui voit en Koktebel la promesse d’un nouveau départ, décide de se prendre en mains et de voler de ses propres ailes en poursuivant le voyage seul.


Alexeï Popogrebsky & Boris Khlebnikov

Les années passées à trouver le financement de notre premier long-métrage nous ont permis une longue et minutieuse préparation. Nous avons tout story-boardé. Avec notre directeur de la photographie, Shandor Berkeshi, nous avons établi le concept de «la caméra oubliée». Nous voulions utiliser beaucoup de plans statiques, non intrusifs, dans lesquels la vie existe par elle-même, comme cela se passe parfois dans des documentaires.

C’était l’approche que nous avions le premier jour de tournage à Crimea, en Ukraine. Et la première prise de ce premier jour de tournage fut interrompue quand une abeille tomba dans le verre de jus d’orange que Gleb Puskepalis, notre acteur principal, devait boire. Aujourd’hui, nous pensons que c’était un avertissement.

La vie, comme elle se passe autour de nous, est riche d’une myriade de micro-occurrences, qui parfois en disent plus long que l’événement le plus dramatique. À n’importe quel moment, c’est à nous de choisir de les observer et d’en prendre note, ou de ne pas leur prêter attention. Nous avons senti que, pour raconter cette histoire-là, nous avions besoin de créer un espace à l’écran où de tels détails allaient apparaître de la façon la plus naturelle qui soit. Une des plus grandes leçons que nous avons apprises en tournant Koktebel a été que, en faisant tout pour suivre notre parti pris artistique, nous devions aussi être prêts à appréhender et à accepter la multitude de modi fications que la nature, les acteurs, la vie en général, allaient nous apporter. Sans eux, un film ne peut exprimer qu’une illusion,pas une impression de vie.

DES RÉALISATEURS

Quand et comment vous êtes-vous rencontrés ?

Alexeï Popogrebsky : On s’est rencontrés en 1990 chez des amis communs. Je suivais alors des cours de
théâtre avec une jeune fille qui était dans la même classe que Boris et qui est devenue par la suite la célèbre actrice, Viktoria Tolstoganova. Boris,intéressé par le cinéma, a intégré le VGIK, la grande école de cinéma moscovite, alors que je faisais des études de psychologie en me passionnant, moi aussi, pour le cinéma. Un
jour, nous avons mûri l’idée de tourner un film qui ne soit pas une fiction. Nous nous sommes procuré une vieille caméra 16 mm d’Allemagne de l’Est, avons acheté de la pellicule Kodak noir et blanc et avons tourné six mois dans les rues de Moscou, presque sans scénario. C’était en 1994-1995. Puis il s’est avéré qu’il était impossible en Russie de faire développer cette pellicule Kodak 16 mm. Finalement, on nous l’a développée dans un studio de la télévision, littéralement dans une baignoire. On aurait dit que l’image datait de 1934 !

Nous n’avons montré ce film, Flânerie, à personne ou presque, mais on a immédiatement compris que, avant
de tourner quoi que ce soit, il faut avoir une idée précise de ce qu’on veut filmer. Après cela, en 1996, Boris
s’est attelé à l’écriture du scénario d’un court-métrage, la Grenouille malicieuse, et moi à celle de la première version de Koktebel.

Boris Khlebnikov : C ‘est sur ce court-métrage que j’ai fait la connaissance de Sandor Berkesi, le chef-
opérateur, qui est devenu un ami et complice. Le plus important sur ce court-métrage, que j’ai tourné seul
avec Sandor mais que nous avons monté ensemble avec Alexeï, c’est que les erreurs commises nous ont permis d’éviter bien des écueils sur Koktebel. On ne s’est jamais concrètement dit que nous allions tourner ensemble le film suivant, cela s’est fait naturellement.

Comment avez-vous travaillé ensemble durant le tournage ?

Alexeï Popogrebsky : En fait, jamais nous ne nous sommes opposés sur la vision d’une scène ou disputés sur la place de chacun. Nous avons cherché le financement de ce film pendant tellement longtemps que nous avons eu tout le temps, assis dans nos cuisines, de discuter de chaque plan, d’établir un story-board complet et de prendre notre chef-opérateur avec nous pour faire le même parcours. Lorsque le moment du tournage est arrivé, on était prêts et proches d’une même idée du film.

Boris Khlebnikov :Alexeï a écrit ce scénario seul,je ne lui ai prêté main-forte que pour la mise en images de ce qu’il avait écrit ; disons que nous avons découpé le film
et conçu le story-board ensemble.

Dans quel contexte financier avez-vous démarré le tournage ?

Alexeï Popogrebsky : Nous avons envoyé notre scénario au programme European Pitch

Point du Festival de Berlin. Il a été retenu, nous sommes allés à Berlin présenter notre projet et la possibilité d’une coproduction avec une petite société allemande s’est dessinée. Dans le même temps, Boris m ‘a présenté Roman Borissevitch.

Boris Khlebnikov : J’avais connu Roman sur un projet TV et je lui ai proposé notre scénario. Nous avons conclu un accord avec la société allemande qui a fermé deux mois
plus tard. Roman Borissevitch a obtenu le financement du Goskino, le ministère du cinéma russe. Avant même que Roman
n’obtienne ce financement, il nous a donné le feu vert et nous avons,pour la première fois, fait tout le trajet de Moscou à Koktebel, avec notre chef-opérateur. Nous avions très peu d ‘argent,une vieille voiture et des tentes pour dormir.

Nous avons ainsi parcouru près de 4 000 kilomètres pour atteindre cette petite station balnéaire de Crimée,
aujourd’hui en Ukraine, qui a donné son nom au film. Nous en avons rapporté quantité de photos de paysages et de gens rencontrés, puis avons renouvelé cette expérience par deux fois avant de commencer le tournage.

Ces deux années qui se sont écoulées entre la fin de l’écriture du scénario et la mise en production
du film vous ont-elles quand même permis de vous mettre en quête des acteurs ?

Alexeï Popogrebsky : Soyons honnêtes : que pouvaient bien espérer un historien du cinéma et un psychologue de formation avec ce genre de scénario ? Pas grand-chose,et pourtant nous faisions mine que tout allait bien. Nous parlions donc de ce scénario à certaines personnes. C’est même un journaliste qui nous a mis sur la piste d’Igor Chernevich, qui joue le rôle du père. Il nous a tout de suite plu.

En revanche, pour ce qui est de l’enfant, nous avions pris le parti de ne pas le chercher vraiment car, ne sachant pas quand on tournerait, nous ne voulions pas le voir grandir sans pouvoir le filmer. Nous avons attendu que le financement soit en place pour faire le tour des écoles de théâtre de Moscou, nous avons filmé des kilomètres d’essais en vidéo et avons fini par tomber sur ce garçon, Gleb Puskepalis, qui jouait dans la troupe du grand metteur en scène de théâtre Fomenko.

Roman Borissevitch : De mon côté, je n’ai pu aucunement in fluer sur le choix des acteurs, leur laissant simplement entendre que, avec des noms plus connus, le financement se ferait plus facilement, mais ils ont tenu bon… Leur scénario m’a tout de suite touché, car je dois avouer que j’éprouve une tendresse toute particulière pour les enfants et que la question de la paternité trouve en moi un puissant écho. Pour ce qui est de mon expérience en tant que producteur avant Koktebel, elle était très réduite puisque je n’avais produit alors qu’une comédie, Un visage français d’Ilya Khotinenko.

Comment s ‘est passé le tournage ?

Alexeï Popogrebsky : Nous avons commencé par tourner la fin à Koktebel, pour des raisons climatiques car l’automne était déjà là,puis avons ensuite tourné dans l’ordre chronologique des événements en repartant de la région de Moscou et en descendant vers le sud.Tout le long nous avons eu de la chance avec le climat : dès le lendemain de notre dernier jour de tournage, la neige s’est
mise à tomber et n’a plus cessé de tout l’hiver.
Boris Khlebnikov : Pour ce qui est des acteurs, ils n’ont posé aucun problème, bien qu’ils ne soient, pour la plupart, pas des professionnels du cinéma.

Comme nous étions à la recherche de personnes qui puissent ressembler tant physiquement que mentalement aux personnages qu ‘on avait écrits, on s’est tournés vers des non-professionnels. Le garçon, qui nous avait d’abord donné l’impression d’avoir une vie aisée, avait eu en fait une vie pleine d’aléas, de départs, de voyages, qui l’ont rapproché de son personnage. Ces personnes nous ont donc beaucoup aidés, nous n’avions pas besoin de répéter longuement, nous voulions simplement qu’ils soient le plus naturels possible. Cela ne les a pas empêchés de dire leur texte au mot près,en se l’appropriant, à l’exception notable de l’aiguilleur qui a tout improvisé…

Et le montage ?

Boris Khlebnikov : Nous avons monté pendant deux mois,
chez nous, sur ordinateur et avons produit une première version.

Puis Roman nous a poussés à nous adresser à un chef-monteur professionnel, Ivan Lebedev, qui a monté le film d’action Bimmer, puis Shizo de Gouka Omarova et qui est en train de finir le montage de Haspartum d’Alexeï Guerman Jr. Nous ne voulions pas, au début, d’intervention dans notre travail, et avons finalement trouvé quelqu’un qui nous avait compris. Il est devenu notre ami et nous n’imaginons plus travailler sans lui. Nous avions peur qu’il écourte nos longs plans séquences, alors qu’il en a rallongé certains et que nous avons fait, à l’inverse,le choix ensemble de supprimer deux scènes. Nous avons trouvé chez lui la même respiration que la nôtre. Alexeï Popogrebsky : Initialement, Ivan Lebedev était pianiste de formation, puis il est devenu ingénieur du son, en musique puis au cinéma. Il a travaillé aux États-Unis, est revenu en Russie et a commencé à monter des films. La musique, que ce soit les chansons de la fin ou cette mélodie lancinante, joue un rôle à part entière.

Alexeï Popogrebsky : Pour les chansons de la fin,nous avons fait appel à un chanteur russe, Sergueï Chnourov. À partir d’une vraie chanson qu’il avait composée, il a trahi le genre pour la transformer en chanson de variétés pour café de plage. Quant à la mélodie qui revient sans cesse, nous avions utilisé une mélodie extraite de l’album «Children’s Songs » de Chick Corea, proche de celle que nous imaginions pour le film. Le compositeur auquel nous nous sommes adressés a écrit une mélodie trop approximative. Nous avons préféré retourner vers la mélodie originale, devenue entre temps partie intégrante du film.

Quels sont vos cinématographies et vos cinéastes préférés,voire ceux qui vous ont inspirés ?

Boris Khlebnikov : Il y a une grande différence entre les dizaines de films que l’on aime et ceux qui nous
ont in fluencés pour ce film. Pour les in fluences, les films iraniens occupent la première place, ainsi que
Takeshi Kitano. Mes films préférés sont plutôt à chercher du côté du Miroir de Tarkovski, de Barberousse de Kurosawa, des 400 Coups de Truffaut. On s’est dit à posteriori qu’il y avait des parallèles dans le style.

Alexeï Popogrebsky : Pour ce qui me concerne, je ne citerai qu’Aki Kaurismaki, avec lequel je sens une
proximité dans notre film, même si nous n’avons jamais eu pour but de copier qui que ce soit.

Ce thème des relations père-fils fut au cœur d’au moins trois films russes la même année : « Père, fils » d’Alexandre Sokourov et « le Retour » d’Andreï Zviaguintsev dont on n’a pas manqué de faire un parallèle avec votre film…

Alexeï Popogrebsky : Ce qui est assez drôle, c’est que Boris avait auditionné le garçon du Retour pour
notre film, et que de son côté Andreï Zviaguintsev avait proposé le rôle du père à «notre»père, Igor
Chernevich ! En fait, nous n’avions presque pas entendu parler du Retour. De plus, il nous semble que le Retour relève plus de la métaphore, alors que nous sommes plus intéressés par des histoires personnelles, des histoires particulières.

Quels sont vos projets et sont-ils communs ?

Boris Khlebnikov : De même que nous ne nous sommes jamais concrètement dit que nous allions faire un film ensemble,nous ne nous sommes pas dit qu’on n’allait plus tourner ensemble. Simplement, nous avons des projets différents. Lorsque nous tournions Koktebel, j’ai eu une idée de projet différente, tant par le style que par la méthode de tournage. Je me suis donc adjoint un coauteur pour écrire cette histoire. Elle se déroulera dans une petite ville de la Volga, Mychkine, et ne sera pas dénuée d’un côté documentaire : un jeune homme de dix-neuf ans dans une bourgade minée par le chômage ne trouve pas sa voie et se cherche…

J’ai pris Sandor Berkesi comme chef-opérateur, et c’est Roman,avec sa nouvelle société de production
« Koktebel », qui produit mon film, sans financement étranger.

Alexeï Popogrebsky : J’ai écrit mon propre scénario
intitulé Des choses simples, dont l’action se passe à Saint-Pétersbourg car j’avais besoin de cette ville pour son humeur et son ambiance. C’est l’histoire d’un anesthésiste qui chaque jour se confronte à la vie et à la mort sans se poser trop de questions. D’une grande vitalité, il va aider, chez lui, un vieil acteur oublié. Le film traite des relations entre ces deux hommes. Mon film est aussi produit par Roman Borissevitch.

Roman Borissevitch : Pour ces deux projets, j’ai reçu
d’ores et déjà le soutien du Goskino.

Boris KHLEBNIKOV et Alexeï POPOGREBSKY
sont nés en 1972. L’un est diplômé du VGIK – l’Institut du cinéma de Moscou, le second de la faculté de psychologie de l’Université Lomonossov de Moscou.

Avant Koktebel, ils ont travaillé ensemble sur
2 films : Flânerie (Mimokhod), documentaire en 16 mm et noir et blanc de 21 min qu’ils ont co-écrit et co-réalisé en 1997. Et la Grenouille malicieuse (Khitraïa Liagouchka), court-métrage de fiction en 35 mm couleur 20 min,écrit et réalisé en 2000 par

Boris KHLEBNIKOV, et monté par Alexeï
POPOGREBSKY.


Le chef opérateur : Sandor BERKESI
Diplômé du VGIK (Institut du cinéma de Moscou), Sandor BERKESI fut élève du grand chef-opérateur russe
Vadim Ioussov.

Il a été chef-opérateur des longs-métrages suivants :le Châtiment de A. Iarmoliouk, Quatre d’Ilya Khrjanovski,
le Nôtre de D.Sidorenko.


Les acteurs:

– Le père Igor CHERNEVICH
Diplômé de l’Institut de Théâtre, Musique et Cinéma de Leningrad en 1989, il est acteur du Petit Théâtre dramatique, de notoriété mondiale-Théâtre de l’Europe de Saint-Pétersbourg, sous la direction artistique de Lev Dodine.

Il a joué dans les films suivants : Nicotine (1993), d’Evgueni Ivanov Bolche Vita (1996), film hongrois d’Ibolya Fekete, L’Esprit (1998)d’Evgueni Ivanov, Filles du bonheur (1998), film polonais de Marta Meszaros, Knock-out (2000), film suédois d’Agneta Fagerström-Olsson

– Le fils Gleb PUSKEPALIS
Acteur du théâtre-atelier de Piotr Fomenko.
Koktebel est le premier film dans lequel il a tourné.

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